Ou le refus de l’Allemagne sur la BCE au cœur du risque systémique mondial
Un nouveau sommet européen, décisif, a eu lieu à Bruxelles les 8 et 9 décembre 2011, afin d’endiguer la crise des dettes publiques de la zone euro. Ce sommet fait suite aux échecs des précédents sommets à endiguer cette crise, et se trouve, malheureusement, être à nouveau un échec : si des décisions importantes, concernant l’encadrement à long terme des déficits publics notamment, ont été prises, la réponse aux problèmes vitaux et surtout immédiats de l’Europe est cruellement absente.
Pour en donner une image, les pompiers sont en train d’étudier des devis pour installer des détecteurs de fumée pendant que la maison brûle !
On espérait beaucoup que l’Allemagne adoucisse sa position sur le financement massif des États par la BCE, considérant que l’Allemagne serait poussée à cela par l’aggravation de la crise de la dette : cette crise touche désormais l’Italie de plein fouet…la troisième plus importante dette d’État au monde et même l’Allemagne, pour la première fois depuis le début de la crise, a échoué à emprunter 3.5 Milliards €, faute de prêteurs. Malheureusement, ces espoirs ont été douchés par Angela Merkel : un négociateur qui a participé aux discussions sur ce sujet épineux du rôle de la BCE, a déclaré : « L’Allemagne refuse tout. Elle refuse même que l’on passe en 2012 après le 31 décembre 2011. Elle veut rester en 2011 !».
Ainsi la zone euro demeure le seul endroit au monde dont la banque centrale n’est pas prêteur en dernier ressort de ses États.
Dans ces conditions, la seule mesure possible pour permettre aux États d’espérer ne pas avoir les vivres coupées, a été d’institutionnaliser une certaine austérité budgétaire au niveau européen. Si crédibiliser dans la durée les budgets des États européens est assurément nécessaire, une telle austérité généralisée aura malheureusement des effets récessifs sur l’économie. Il est fort à parier que l’ensemble des économies réalisées sur les budgets d’États soient immédiatement annulées par la baisse des recettes fiscales liées au ralentissement économique induit, et par la hausse corrélative des taux d’emprunts. Une telle situation risque fort d’aggraver la récession en même temps que la dette publique ! C’est en effet ce qui arrive dans le laboratoire qu’est, pour nous, aujourd’hui, la Grèce, par exemple.
Dans ces conditions, les investisseurs qui prêtent aux États ne pourront pas considérer que ces politiques de restrictions budgétaires accroissent la solvabilité des emprunteurs, et, à notre avis, les taux d’emprunts des États européens (hors Allemagne) ne peuvent que continuer à augmenter, structurellement tant que la BCE n’est pas prêteur en dernier ressort des États.
Les marchés ont partagés notre analyse immédiatement après le sommet : dès lundi 12 décembre, les taux d’emprunts italiens ont repris leur course folle à la hausse, et l’euro a commencé à s’effondrer face au dollar américain.
Ainsi, le risque systémique s’accroit, et l’agence de notation Standard & Poor’s est en train d’étudier la possibilité de dégrader à court terme la note de l’ensemble des pays européens. C’est un service « groupé », en quelque sorte (!) mais qui a sa cohérence dans l’accroissement du risque systémique pour tous les pays appartenant à la zone euro (y compris l’Allemagne).
L’espoir, désormais, a pris la forme fragile d’un communiqué d’un membre de S&P, aspirant, comme la totalité des États européens à ce jour, à ce que l’Allemagne renonce à sa position sur la BCE – nous le citons sans commentaires, il parle de lui-même :
«Il faudra sans doute un autre choc avant que tout le monde en Europe fasse la même analyse de la situation, par exemple une grande banque allemande ayant des difficultés sur le marché, ce qui est possible à court terme», a déclaré Jean-Michel Six.
«On admettrait alors que tout le monde est dans le même bateau, et que même les établissements allemands peuvent être affectés par cette contagion.»
«J’ai peur que cela puisse être nécessaire», a-t-il ajouté.
Nos portefeuilles
Mandats patrimoniaux
Afin de traverser, voire profiter, de l’accroissement du risque systémique, nous avons considérablement renforcés nos positions en dollar américains, et allégé temporairement celles sur les pays émergents (bien que nous ne soyons pas inquiets sur le bel avenir promis à ces économies). En effet, le risque financier que l’Europe fait peser sur le monde amène les capitaux à se retirer des placements jugés « à risques » (en premier lieu les pays émergents), vers les placements jugés « sécuritaires » (en premier lieu, le dollar américain). Nous avions déjà beaucoup de dollar américain depuis mi-juillet, nous en avons encore un peu plus à ce jour : le dollar est aujourd’hui la première position de nos portefeuilles.
Nous avons réduit à un quasi-néant nos positions en Europe et à l’euro, tant que la BCE (mais nous nous répétons ?) ne sera pas prêteur en dernier ressort des États…
Mandat spécial no. 1
Bien que les conditions macro-économiques soient excellentes pour la consommation intérieure des nouveaux pays émergents (baisse de la croissance et de l’inflation, politiques monétaires de plus en plus accommodantes, baisse des taux d’emprunts que dire de plus ?), le regain d’importance du risque systémique pour le monde occidental a empêché ces marchés de confirmer leur rebond.
Après un bref passage dans le vert, l’échec du sommet européen a fait replonger nos indicateurs d’investissements : nous sommes donc toujours sécurisés en monétaire.
Toutefois, pour les mêmes raisons évoquées ci-dessus, nous avons acheté 30% d’USD dans les portefeuilles monétaires ; les 70% restant demeurant encore en euro.
Mandat Conservateur
Le principe général du mandat conservateur est de surperformer les fonds en euros, moyennant un risque très faible et une durée d’investissement recommandée de trois ans. Ces portefeuilles ne peuvent prendre des positions dans d’autres devises qu’à la marge, si elles ne sont pas couvertes contre le risque de change.
Néanmoins, en raison de la situation actuelle décrite ci-dessus, et du fait que nos portefeuilles sont libellés en euros, nous avons également augmenté aussi sensiblement que possible l’exposition au dollar US : il constitue en effet à nos yeux la meilleure sécurité possible à ce jour, face à la baisse conjointe de l’or et de l’euro.