Le mois de mai 2010 a été à nouveau le théâtre du renouveau d’inquiétudes systémiques sur les marchés, entraînant l’obligation pour les Etats développés d’élaborer des réponses crédibles et diverses quant à leur solvabilité. Le plus souvent, ces réponses ont consisté en l’annonce de plans de restrictions budgétaires, malgré les effets de tels plans sur la croissance économique.
Pays développés : entre résorption de la dette et préservation de la croissance
La nécessité pour les Etats des pays développés de convaincre les marchés de leur capacité à résorber leur dette est impérieuse :
Seule la réussite de cette tâche leur permettra de recourir au marché à l’avenir pour emprunter à des taux raisonnables.
Les très nombreuses annonces de plans de restrictions budgétaires, d’abord saluées par les marchés, ont ensuite fait porter les inquiétudes de ces derniers sur la croissance future des pays développés : en effet, que restera-t-il de la faible croissance de ces zones après la mise en oeuvre des restrictions budgétaires annoncées ?
Heureusement, une certaine « mesure » a été apportée à ces plans, en fonction de la situation budgétaire de chaque pays développé : certains pays, comme la Grèce notamment, dont la situation est alarmante, vont devoir littéralement sacrifier leur croissance à court terme; d’autres, comme la France ou l’Allemagne, pourront continuer à soutenir leur croissance, à la condition de prouver leur capacité à réduire année après année leur endettement souverain.
A partir de maintenant plus que jamais, la croissance des pays développés sera réellement dépendante de l’attitude des Etats, entre résorption de leur dette et soutien de leur croissance : certains Etats entreront en recession à nouveau, d’autres parviendront à sauver la reprise actuelle.
Pays émergents
A l’inverse exact, les pays émergents (peut-on encore les appeler ainsi?) n’ont aucun problème d’endettement souverain, et disposent de réserves de change toujours à des niveaux historiques.
Engagés depuis deux ans notamment, dans des plans colossaux de transitions de leurs économies vers des économies basées sur la consommation intérieure, financés sans endettement, ils sont au contraire confrontés à des risques de surchauffe de leur économie.
La résolution de l’action du gouvernement chinois, pour limiter la formation de bulles et pérenniser leur croissance interne, est frappante – et c’est du fait de cette action que les marchés actions émergents ont corrigé pendant la période du mois de mai 2010.
Après avoir déjà à plusieurs reprises relevé leurs taux d’intérêts depuis le début de l’année, le gouvernement chinois a pris des mesures impressionnantes pour permettre aux chinois quittant les campagnes et rejoignant les villes, de se loger : instauration d’une « taxe foncière » sur les logements vides; interdiction pour chaque foyer de détenir plus de deux appartements; obligation, pour l’acquisition d’un second logement, de financer 50% au moins sans crédit; interdiction à toute les banques chinoises de financer 100% d’une acquisition, etc…
Les marchés, court-termistes, ont craint que ces mesures n’entament fortement la croissance de ces pays…et ont corrigé.
Pendant ce temps, d’après nos informations, le commerce entre pays asiatiques atteint des niveaux records…
Comme depuis le début de la crise, nous continuons de penser que l’action du gouvernement chinois notamment présente une extrême maturité économique – et que ces inquiétudes passagères des marchés…sont d’excellents points d’entrées !