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Selon Damien Ledda, gérant actions européennes du Groupe Quinze Asset Management, les incertitudes ont bercé les marchés financiers depuis quelques mois, tant par la géopolitique (menaces protectionnistes envers la Chine et l’Europe, barrières douanières et conflits armés au Moyen-Orient) que par la soutenabilité d’un cycle économique mature aux États-Unis et d’une inflation revenue sur le devant de la scène.
La saison des résultats des entreprises pour le premier trimestre 2018 était donc attendue par les investisseurs afin d’endosser le rôle de juge de paix temporaire.
Première observation, l’asymétrie des marchés semble perdurer en ce premier semestre. Dans un contexte de marchés actions « bien valorisés » aux États-Unis comme en Europe (PER de 16x si l’on retraite les valeurs financières), les entreprises qui délivrent des résultats supérieurs aux attentes sont, sauf exception, modérément récompensées par une progression de leurs cours, tandis que les entreprises publiant des résultats en ligne ou inférieurs aux attentes, sont très fortement sanctionnées (l’industriel français Nexans ou l’allemand Kion Group par exemple).
Des résultats solides
Jusqu’ici, les craintes d’un ralentissement économique après une phase d’ascension synchronisée en 2017 sont atténuées par les réponses que donnent les entreprises sur leurs niveaux de croissance. Aux États-Unis, les effets de la baisse du taux d’imposition des sociétés commencent à se matérialiser dans les bénéfices par action publiés par les entreprises. En effet, les résultats sont estimés en hausse de 17% au premier trimestre 2018 !
Les GAFA délivrent
Après avoir été chahutées sur le Nasdaq au mois de mars, les valeurs technologiques américaines étaient attendues au tournant sur leurs résultats. Ainsi, malgré les scandales liés à l’utilisation des donnés personnelles, Facebook a rapporté un bénéfice net de 5 milliards de dollars au T1 2018, en hausse de 63% sur un an, et un nombre d’utilisateurs en progression à 2,2 milliards d’usagers mensuels. Depuis son introduction en bourse en 2012 soit après 6 années d’exercice, le chiffre d’affaires du réseau social a été multiplié par 9, son résultat opérationnel par 47, et son cours de bourse a progressé sur la même période de +487%.
Des chiffres stratosphérique et pourtant, la valorisation boursière de Facebook ne représente aujourd’hui que 19x ses bénéfices attendus pour l’année 2018. A titre d’exemple, le groupe français Essilor, bien connu des investisseurs français, est valorisé à 28x ses résultats pour une croissance sans commune mesure.
Du côté d’Amazon, qui cristallise bon nombre d’inquiétude de la part des gouvernements quant à son potentiel de développement jugé sans limite, a également dévoilé des résultats impressionnants. Les ventes ont grimpé de +43% sur un an à 51 milliards de dollars au premier trimestre, pour un résultat opérationnel de 1,93 milliards (+92%). Néanmoins, et à la différence de Facebook, le groupe de Jeff Bezos se paie au prix (trop) fort sur les marchés : 77x ses résultats estimés pour 2018…
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le rapport du Comité de Gestion / Mai 2018
Damien Ledda
Gérant actions européennes
Groupe Quinze – Asset Management