Suite aux résultats des élections américaines, anticipés par les opérateurs plusieurs semaines auparavant, les marchés actions ont évolué à la hausse au mois de novembre, avec un découplage notable entre les Etats-Unis et l’Europe. Au détriment de cette dernière compte tenu de l’instabilité politique et de la fragilité économique en Allemagne et en France.
1- Macro-économie
Le S&P500 a progressé de +5.7% en novembre pour seulement +1.4% pour le STOXX600. Le rallye du mois de novembre a été déclenché par l’élection sans équivoque de D. Trump, ce qui évite le scénario de blocage craint par les marchés, à savoir une élection contestée. Par ailleurs, le « Trump trade » s’est amplifié dans le sillage des résultats avec l’envolée des cryptomonnaies, du dollar US, des valeurs financières et des valeurs moyennes (mesures de dérégulation bancaire et baisse de l’impôt sur les sociétés US faisaient partie des promesses du candidat républicain). Les marchés sont également soulagés d’éviter les taxes sur les sociétés et les plus-values boursières envisagées par la candidate démocrate.
En Europe, la crise politique s’est accentuée en Allemagne avec la chute de la coalition de G. Scholz qui donnera lieu à de nouvelles élections en février 2025, tandis que la situation de la France devient également de plus en plus instable depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par le président E. Macron.
Les marchés obligataires se sont stabilisés aux Etats-Unis et ont progressé en Europe. Les rendements obligataires se sont tendus immédiatement après le résultat de l’élection américaine, le programme de Donald Trump étant jugé inflationniste par les marchés. Cependant la nomination d’un secrétaire au Trésor, venant de Wall Street et réputé pour ses positions modérées, a rapidement rassuré les marchés et a permis une détente des rendements obligataires, le 10 ans passant de 4.40% à 4.20% en quelques jours. Pour autant la demande semble structurellement plus faible pour la dette américaine et européenne, car la Chine et la Russie lui préfèrent l’or et le Bitcoin ce qui pourrait impliquer des rendements qui restent durablement relativement élevés.
Le régime de volatilité s’est normalisé pour revenir à un niveau oscillant entre 13 et 15 pour le VIX, comme au premier semestre 2024, illustrant le retour de l’appétit pour le risque chez les opérateurs.
En Europe, les difficultés politiques et économiques de la zone euro ont entraîné un rebond des obligations d’Etat, notamment en raison de la crainte d’une guerre commerciale avec les Etats-Unis. D. Trump et le parti républicain ont l’intention d’ajouter de nouvelles taxes douanières, élément défavorable aux entreprises européennes fortement exportatrices aux USA et générateur d’une hausse de l’inflation, les secteurs américains protégés proposant souvent des produits à des tarifs plus élevés que ceux importés.
La crise politique en France a entrainé une hausse du rendement de l’OAT à 10 ans à 2.9% soit plus que l’Espagne, au même niveau que la Grèce (!) et maintenant très proche de l’Italie tandis que le « spread » (écart) avec l’Allemagne est au plus haut à 85 bp (points de base), niveau à surveiller mais loin de déclencher une crise financière majeure.
L’économie américaine reste robuste avec un marché de l’emploi solide et une consommation élevée. La croissance devrait baisser légèrement en 2025 aux alentours de 2% mais l’économie devrait être soutenue par les baisses d’impôts, la poursuite des investissements en infrastructure -qui ne seront probablement pas remis en cause par la nouvelle administration- et une politique monétaire qui reste accommodante, même si le potentiel de baisse des taux est maintenant considéré limité à environ 3 baisses de 25 bp (points de base) en 2025.
En Europe, la contraction de l’activité manufacturière se poursuit. L’Allemagne reste en récession mais il n’y a pas (encore ?) de dégradation marquée au niveau du marché de l’emploi avec un chômage situé à 6.3% dans la zone Euro (pour mémoire, le niveau de l’emploi est un indicateur retardé de la situation économique. Autrement dit, quand l’emploi baisse fortement, la situation est déjà nettement dégradée).
Les PMI (indicateur économique avancé) sont mal orientés, mais la baisse de l’Euro face au dollar US et un potentiel résiduel significatif de baisse des taux par la BCE soutiennent le marché. Par ailleurs, si les marchés ont déjà pris en compte les risques liés à la mise en place de droits de douanes par D. Trump sur certains secteurs comme l’Automobile (baisse de -30% de l’indice Stoxx 600 Automobile & Parts depuis le plus haut de la mi-avril), il reste beaucoup d’incertitudes sur les mesures réelles envisagées, notamment au Mexique où sont assemblées un grand nombre de véhicules destinés aux Etats-Unis.
2- Les marchés par grandes régions
La tendance de moyen / long terme reste haussière aux Etats-Unis, au Japon et en Europe. Cependant, tandis qu’une accélération s’est produite aux Etats-Unis, tirée par les valeurs de croissance, l’Europe et le Japon ont marqué une pause au mois de novembre.
Cette divergence a provoqué un véritable découplage des indices actions, notamment entre les deux côtes de l’Atlantique. Divergence également notable sur les obligations d’Etat, qui ont nettement progressé en Europe alors qu’elles se sont juste stabilisées aux Etats-Unis.
La Chine n’est pas parvenue à maintenir son élan haussier au mois de novembre et a lourdement rechuté de -4% (voir ETF FXI-US). Le plan de relance chinois est toujours considéré par les opérateurs comme insuffisant pour relancer l’économie et surtout résoudre le problème majeur de la crise immobilière.
En revanche, l’Inde, après une consolidation marquée en octobre, a nettement rebondi au mois de novembre (+2.8%). Est-ce suffisant pour relancer la tendance haussière de moyen / long terme débutée au printemps 2023 et en pleine accélération entre octobre 2023 et septembre 2024 ?