Perspectives 2011

11 janvier 2011
9 min de lecture
finance-bilan-2011

Nous verrons en 2011, à n’en pas douter, selon nous, un approfondissement des mouvements engagés en 2010. Voici, point par point, les principaux éléments de notre analyse.

Poursuite de la reprise économique des pays développés

Les économies développées, convalescentes en 2010, devraient poursuivre leur rétablissement en 2011. Portées par la modeste reprise de la consommation américaine, et par celle, de plus en plus importante, des pays émergents. La crainte d’une rechute en récession (à laquelle nous n’avons jamais cru) de l’économie américaine nous semble de plus en plus improbable. La reprise américaine devrait être sensiblement plus vigoureuse cette année. Nous ne nous soucions guère particulièrement de la situation des entreprises américaines, et même européennes, plutôt très solide ; les risques et les opportunités d’investissements dépendent plutôt des risques pesant sur la macro-économie mondiale (voir ci-après).

 


La « guerre des changes » se poursuit

Dans une telle reprise, la capacité de chaque pays à capter les marchés à l’exportation (à destination des pays émergents et des USA en particulier) reste décisive. Aussi, nous anticipons une poursuite de la très importante volatilité des principales devises mondiales – chaque pays cherchant à dévaluer sa devise pour gagner en compétitivité dans ses exportations. La fameuse « guerre des changes » est loin d’être terminée, selon nous.

D’un coté, les USA « impriment » environ 100 Mds USD par mois afin de faire baisser le dollar ; le Japon intervient sporadiquement sur le cours du yen ; la BCE, de plus en plus sollicitées par la crise budgétaire de ses États membres, n’aura, cette année, à notre avis, pas à faire grand-chose pour continuer de voir l’euro baisser en 2011…

De l’autre coté, à l’exact opposé, les pays émergents retirent des liquidités de leurs marchés monétaires (hausses de taux d’intérêt, limitation des crédits octroyés…) pour limiter la surchauffe de leurs économies et leur inflation…par l’appréciation de leurs devises.

Une nouvelle fois, cette situation attestera encore de l’importance, pour un particulier comme pour une entreprise en Europe, d’avoir une exposition réellement internationale dans son portefeuille, afin de se couvrir des risques de dévaluation des monnaies des pays développés, et de profiter de l’appréciation des monnaies des pays émergents et des pays développés non-endettés (couronne suédoise, dollar canadien, dollar australien, notamment).

 


Situation aggravée des dettes d’États de pays développés (zone euro, en particulier)

Nous commencerons à voir l’impact des mesures d’austérités budgétaires sur la croissance économique des pays de la zone euro. Alors que le Fonds de Stabilisation Financière Européen peine à convaincre de sa crédibilité, que les différents politiques se multiplient à l’intérieur de la zone, et que les taux d’emprunt des États fragiles (Europe du Sud en particulier, auxquels il faudra ajouter …la Belgique en 2011 !) ne cessent d’augmenter, le risque d’une nouvelle crise bancaire est bien présent en Europe en particulier, mais également aux USA.

L’Europe est, à notre avis, la zone la plus dangereuse pour l’investisseur patrimonial, et particulièrement pour le détenteur d’obligations européennes. Les risques nous paraissent encore accrus en 2011, par rapport à 2010. Dans nos portefeuilles, nous considérons que le risque concernant les dettes d’États, les systèmes bancaires, a fortiori les entreprises, est trop important, et les perspectives de gains trop faibles, pour nous exposer, plus que de façon résiduelle, aussi bien aux actions qu’aux obligations de notre chère zone euro.

Néanmoins, un facteur d’optimisme sérieux est que la Chine a besoin de l’Europe, pour faire contrepoids face aux États Unis. Et les dirigeants chinois multiplient les visites, et les accords bilatéraux avec les gouvernements nationaux d’Europe, en court-circuitant souverainement les institutions européennes communes… Ce qui nous amène au point suivant.

 


Renforcement de la présence des pays émergents dans les économies, les décisions politiques et monétaires des pays développés

En effet, la Chine, qui a déjà sauvé à deux reprises l’euro de l’implosion en 2010, devrait continuer à soutenir cette monnaie. La banque centrale chinoise en a en effet besoin pour diversifier ses réserves de changes…

De plus, les accords bilatéraux commerciaux se multiplient entre elle et les États européens, visant à apporter à ces derniers États un peu de la croissance qui leur manque, et à assurer aux exportations chinoises un débouché plus sûr. Après la Grèce, la Turquie, le Portugal, la France, l’Allemagne, le vice premier ministre chinois était, ce week.end, en Grande Bretagne, afin de doper les échanges commerciaux avec son pays.

En outre, la Chine devient un facteur de stabilisation pour les dettes d’État Européennes : la Chine s’est en effet déjà engagée à acquérir des emprunts grecs, lorsque la Grèce reviendra sur les marchés (à l’heure actuelle, la Grèce ne peut plus emprunter) ; comme elle s’y est engagée pour le Portugal, l’Espagne, et… ?

 


Poursuite du fort développement de la consommation intérieure des pays émergents

L’élévation du niveau de vie des pays émergents devrait se poursuivre à un niveau élevé, alors même que la croissance globale de ces derniers devrait être moins forte cette année. Avec deux risques en particulier.

 


Risque inflationniste, lié aux matières premières et matières agricoles dans les émergents

Le chemin des pays émergents vers le statut d’économies développées, bien qu’extrêmement plus avancé qu’on ne le dit d’ordinaire, est encore long. Et, pour bon nombre de ces pays, les dépenses d’alimentation représentent une partie importante du « panier de la ménagère ». Or la hausse de plus de 60% de certaines matières premières agricoles est susceptible, si elle dure, de mettre en situation de grande fragilité sociale certains de ces États. Des soulèvements de populations ont déjà eu lieu courant du mois de décembre. Néanmoins, nous pensons que les États émergents ont les moyens de gérer ce risque inflationniste : d’une part, parce que le gouvernement chinois en particulier (la Chine, rappelons-le, est le moteur véritables des pays émergents), a déjà annoncé qu’en cas de poursuite de cette hausse, il contrôlerait directement les prix de vente de ces matières premières ( faisant écho à la proposition de Nicolas Sarkozy, président du G20 pour 2011, d’encadrer les prix des matières premières); d’autre part, parce que ces États émergents ont une arme décisive contre l’inflation importée, à savoir la réévaluation de leur devise…(cf. 2)

C’est peu dire qu’en 2011, peut-être encore plus qu’en 2010, face à la crise des dettes publiques, qui continuera de frapper les pays développés, investir en devises émergentes est à la fois une façon de sécuriser nos portefeuilles vis-à.vis de la volatilité des devises, mais aussi une source durable et importante de performance, tant le dynamisme économique est grand et solide, au sein de ces nouveaux acteurs centraux de l’économie mondiale.

 


Petit tour sous le capot de nos portefeuilles

Ou, comment, en 2011 comme en 2010, nous nous prémunissons contre les risques obligataires européens et la volatilité des devises des pays développés.

Une question nous a souvent été posée : comment faisons-nous pour dégager de la performance avec une aussi faible volatilité, dans des marchés aussi extrêmement volatils et sans directions, avec des variations de devises toute aussi extrêmes (par exemple, en novembre 2010, en l’espace de trois semaine, l’euro a baissé de près de 8.5% par rapport au dollar US !) ?

Les risques de faillite d’États de pays développés, ou de cessation de paiement des USA – risques évoqués explicitement la semaine dernière par le secrétaire d’État au Trésor américain, si les républicains continuaient à s’opposer au relèvement du plafond d’endettement de l’État fédéral américain -, ces risques, donc, auxquels est confrontée l’économie mondiale, sont en effet inédits.

Comment protéger vos portefeuilles contre ces risques, donc ?

Nous investissons une part importante de nos portefeuilles dans des actifs réels qui permettent de se couvrir contre les risques de change, c’est-à-dire la dévaluation des trois principales monnaies mondiales (USD, Euro, Yen). Pour les plus classiques d’entre eux, nous possédons en portefeuille :

– des matières première agricoles et non agricoles;

– des métaux précieux (or, mines d’or, d’argent, platine, etc.)

Et plus encore, nous investissons dans les pays dont la croissance à moyen terme ne sera pas ralentie par un trop important endettement d’État, c’est-à-dire en particulier :

– le dollar canadien ;

– la couronne suédoise ;

– les devises émergentes.

Ainsi, nous investissons dans ces pays, dans leurs monnaies propres, et nous mesurons nos performances dans notre chère devise européenne.

Comme la zone euro est à la fois lanterne rouge de la croissance mondiale (même la croissance africaine est largement devant…), et aussi la zone la plus vulnérable pour le moment à la crise des dettes d’États, c’est presque toujours de la zone euro que provient le risque systémique pour le système financier mondial.

Aussi, lorsque ce risque semble imminent, l’ensemble des marchés actions mondiaux baissent fortement…mais en même temps, notre cher euro est lui aussi en chute libre, du fait même de ces risques systémiques.

Et nos portefeuilles baissent peu (voire montent !), puisqu’ils sont sur des marchés peu touchés par les problèmes d’endettements, dans leurs devises de références…

Si l’on ajoute que ceci nous permet d’être sur les zones géographiques présentant le plus fort potentiel de croissance, cette sécurité est également la meilleure source de performance à moyen terme pour nos portefeuilles.

Les circonstances confirmant notre scénario, nous conserverons tant que ce sera nécessaire cette clef de voûte dans nos portefeuilles pour l’année 2011.

Nous vous souhaitons une excellente année 2011, à nos côtés !

Articles relatifs

Recevez nos communications

Un email mensuel vous sera envoyé sur les performances de nos mandats