Dissolution de l’Assemblée Nationale : Quels sont les risques pour l’économie et votre patrimoine ?

20 juin 2024
8 min de lecture

Le dimanche 9 juin 2024, à la suite des élections européennes, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée Nationale, et a convoqué des élections législatives à très brève échéance, le 30 juin et le 7 juillet 2024, juste avant le début des Jeux Olympiques.

Cette décision “surprise” provoque une recomposition expresse de la vie politique française, et ouvre une période d’incertitude y compris sur les marchés financiers : le CAC40, indice phare des actions européennes, a perdu près de 8% en une dizaine de jours, le taux d’emprunt de la dette française s’est apprécié, marquant la méfiance des investisseurs vis-à-vis de la capacité de la France à honorer ses engagements, et en conséquence, les actions des banques françaises se sont effondrées de 15 à 25% en quelques jours. Quels sont les risques pour l’économie et les marchés, pour nos portefeuilles, et le patrimoine de nos clients ?

 

Les scénarios à l’issue des élections législatives

Au point de vue des politiques économiques, il y a plusieurs scénarios possibles à l’issue de ces élections:

  • En cas de majorité absolue du Rassemblement National, nous assisterons à des mesures économiquement symboliques sur la sécurité, l’immigration, le pouvoir d’achat (comme la baisse de la facture d’énergie des ménages, la baisse des péages, etc…) – la mise en oeuvre du programme du RN sera limitée par le Conseil Constitutionnel, la pression des marchés et la contrainte de déficit et d’endettement. Et plus largement, pas grand chose ne change : il n’y a pas de retrait de l’Union Européenne prévu, ni de sortie de l’Otan. Pour avoir une chance d’élection en 2027 malgré la cohabitation, le RN doit se transformer en parti de gouvernement, et non seulement d’opposition.
  • En cas de majorité relative avec le soutien d’une partie du reste de la droite (LR, Reconquête), on serait dans une hypothèse à la Meloni, pratiquement sans tension supplémentaire sur la dette.
  • En cas de majorité relative du RN sans soutien, avec des poids équilibrés des trois blocs (droite, centre et gauche), nous assisterons à un blocage de la vie politique française, avec un risque élevé d’absence de vote de la loi de finance, de motion de censure, de démission du Président – un scénario défavorable sur les marchés.
  • En cas de victoire au moins relative de la majorité présidentielle avec le soutien d’une partie des LR, cela ne changerait pratiquement rien à la situation actuelle.
  • Enfin, l’hypothèse d’une victoire du Front Populaire (probabilité de 15%) est clairement de loin la plus dangereuse pour les marchés financiers, pour l’économie, pour la dette française et le patrimoine des français.

 

La dette française se dégrade en réalité constamment depuis mai 2020

En réalité, les élections accentuent et accélèrent des phénomènes qui étaient déjà en cours : la dette française, en près de quatre ans, est passée d’environ 2000 milliards d’euros à plus de 3000 milliards d’euros, avec un niveau de prélèvement fiscal et social sur l’économie à un niveau historique, ainsi qu’une grande inefficacité : les défaillances d’entreprises (hors micro entreprises) sont à un niveau record en France, et pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale, le patrimoine de l’Etat constitué grâce à cette dette ne permet plus, s’il était intégralement cédé, de rembourser notre dette.

Depuis le mois de mars 2020, la différence de taux d’emprunt à 10 ans de la France par rapport à celui de l’Allemagne (que dans le jargon les financiers appellent le Spread de taux OAT 10ans versus Bund 10ans) ne cesse d’augmenter, marquant la dégradation constante de la qualité de la dette française. Les élections et la dissolution du 9 juin 2024 ont en effet accéléré la hausse de cet écart, …mais en le portant à un niveau à peine supérieur à celui qu’il avait déjà en juin 2023 (61 points de base en 2023 contre 65 points de base une semaine après le scrutin en juin 2024).

En réalité, en termes économiques et financiers, il y a deux risques à prendre en compte :

  • une large victoire du Nouveau Front Populaire et l’application de son programme constituerait un véritable risque pour l’économie française;
  • un emballement de dynamiques de marché, qui ne sont pas toujours rationnelles, suite au chaos social possible juste après les élections et pendant les JO, qui pourrait amener un défaut sur la dette, et permettrait peut-être à l’Union Européenne de mettre la France sous tutelle, comme elle l’a fait avec la Grèce il y a quelques années. L’Union Européenne vient en effet de lancer ces jours-ci une procédure contre la France pour déficit excessif, qui pourrait lui coûter 2,5 milliards d’euros d’amende, et la priver de 30 milliards d’euros par an (voir l’article sur euractiv).

 

Un phénomène franco-français

Si, depuis le 9 juin et l’annonce de la dissolution, le CAC40 est en forte baisse, tout comme la dette française, ce phénomène est circonscrit à la France – il y a une légère contagion aux autres marchés financiers européens, mais le reste du monde ne bouge pas un sourcil : les indices boursiers américains continuent d’enchainer des records historiques chaque jours, et les niveaux de taux US et émergents restent parfaitement insensibles à cette situation française.

 

Nos portefeuilles

Sur la période, nos portefeuilles sont en baisse très limitée, de moins de 2% depuis le 9 juin – contre une baisse de 9% pour le CAC40 et d’environ 5,5% pour l’Eurostoxx 50. Nos portefeuilles ne sont quasiment pas exposés à la France, et très faiblement à l’Europe. Nous avons une exposition extrêmement faible aux banques, qui nous a un peu couté, et quelques positions baissières sur la dette française, qui nous ont profité.

Ce sont en réalité d’autres élections qui nous ont concerné ! La récente élection de la présidente du Mexique, ainsi que celle en Afrique du Sud, qui a vu un fort recul de l’ANC (Congrès National Africain), ont causé des perturbations importantes et passagères sur leurs devises (le rand sud-africain et le pesos mexicain), qui ont, elles, impacté nos portefeuilles.

Au niveau fondamental, après quelques hésitations au premier semestre 2024, les chiffres économiques américains confirment peu à peu, le ralentissement progressif de l’économie américaine, et pointent vers des baisses de taux d’intérêts aux USA d’ici la fin de l’année et en 2025, dont nos positions en portefeuilles pourront fortement profiter.

 

L’assurance vie luxembourgeoise protège du risque de saisie de l’épargne

En cas de dégradation de la situation de la dette d’Etat française, il existe un risque de blocage de l’épargne des français en assurance en particulier, par la mise en oeuvre par le HCSF (Haut Conseil à la Stabilité Financière) de l’article 49bis de la loi Sapin 2 : publiée au journal officiel du 10 décembre 2016, la loi Sapin 2 permet de bloquer d’une seule décision l’ensemble des contrats d’assurance vie de France dès le premier euro.

La meilleure protection contre ce risque patrimonial sont les contrats d’assurance luxembourgeois, que nous utilisons exclusivement pour nos clients en prévision de cette situation (Intencial Patrimoine, OneLife, Lombard International, …) : ces contrats, non seulement ne sont pas assujettis à la loi Sapin 2, qui est française, mais ils bénéficient des garanties luxembourgeoises en cas de risque sur les compagnies d’assurances – garanties qui sont parmi les plus sécurisantes au monde.

 

Notre mandat d’investissement en produits structurés

Enfin, nous avons lancé fin avril 2024 notre mandat de produits structurés, et certains d’entre vous y sont investis. Un de nos produits est dédié aux 20 plus grandes banques européennes. La bonne diversification de cet indice, dans lesquelles les banques françaises pèsent peu fait qu’il y a peu d’impact sur sa valeur liquidative. La banque qui assure la contrepartie de ce produit n’est pas une banque européenne, mais l’une des plus importantes banque américaine, à savoir Morgan Stanley, et le coupon fixe annuel de ce produit est de 10% par an.

 

Conclusion

Après deux années passées à digérer la hausse des taux d’intérêts, les marchés sont redevenus efficients, et regorgent de biais de valorisations qui sont autant d’opportunités, pour peu que l’on ait une approche proactive et mondiale de l’investissement, avec des partenaires d’assurance qui présentent les meilleures garanties (triangle de sécurité luxembourgeois).

 

En restant passionnément au service de votre famille et de votre patrimoine,

Christophe Brochard

Président & Fondateur du Groupe Quinze

Articles relatifs

Recevez nos communications

Un email mensuel vous sera envoyé sur les performances de nos mandats