Communiqué : Standard & Poors dégrade la note des USA

Économie
06 août 2011
7 min de lecture
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Communiqué exceptionnel.

Un évènement « surprenant », quoiqu’inévitable, d’une portée assurément historique et d’une importance capitale (comment en dire plus?), a eu lieu cette nuit, vers 2h30 du matin heure française : pour la première fois de leur histoire, les USA ont perdu cette nuit leur triple A par l’agence de notation anglo-saxonne Standards & Poors.

Autrement dit, la capacité de l’État américain à rembourser ses dettes est officiellement mise en doute par les agences de notations anglo-saxonnes (c’est-à-dire celles, précisément, qui ont le plus de mansuétude envers les USA).

Depuis cette nuit, donc, les emprunts d’États américains sont considérés comme moins solides que les emprunts d’États français, allemands, suédois, canadiens, etc. Pour combien de temps ?

De plus, la note dégradée attribuée aux USA a été immédiatement mise sous « perspective négative » : ce qui signifie qu’il est probable que lors de la prochaine notation, la note américaine soit à nouveau dégradée d’un ou plusieurs crans supplémentaires.

Ce qui signifie ceci : les emprunts d’États US, réputés jusqu’ici les actifs plus solides au monde, et qui servent de socle fondamental à tout le système financier occidental, sont enfin (et à raison !) considérés officiellement comme présentant des risques accrus de défaut de remboursement !

 


L’histoire en marche

Dans le cadre de la grande révolution mondiale, qui constate le transfert irréversible des foyers de croissance et de consommation, des pays développés (USA, Europe, Japon) vers les pays émergents, transfert que nous suivons depuis fort longtemps chez Brochard Finance, la dégradation de la note des USA est un évènement historique et un grand pas en avant dans « l’inconnu » d’un monde nouveau.

Nous verrons, à n’en pas douter, dans les mois et les années qui viennent que ce ne sont pas seulement les foyers de croissance économique qui sont transféré vers les pays émergents – mais également le cœur de la crédibilité financière nécessaire à tout système financier. Je m’explique :

Nous avons d’un coté, des États développés (USA, Europe, Japon) qui sont sur-notés par les agences de notations : La faiblesse de leur croissance économique, durablement ralentie par l’assèchement irréversible de « la consommation à crédit » et le poids immense de leurs dettes, fragilise chaque jour un peu plus leur solvabilité publique…

Et de l’autre coté, nous avons des pays émergents, dont les banques centrales et les fonds souverains détiennent l’argent de nos dettes, et qui sont à notre avis sous-notés par les agences de notations anglo-saxonnes. C’est-à-dire qu’à l’inverse des pays développés, leur solidité réelle est bien plus importante que ce que leur note laisse entendre.

Voici, en effet, un communiqué, publié ce matin, décrivant la réaction chinoise à cette dégradation :

« La Chine, premier créancier de la seule superpuissance mondiale, est dorénavant dans son droit d’exiger des États-Unis qu’ils affrontent le problème de leur dette structurelle et assure la sécurité des actifs chinois en dollars », écrit Chine nouvelle. « Il faut mettre en place une surveillance internationale sur la question du dollar américain et une nouvelle monnaie de réserve, stable et sûre, peut aussi être une option pour éviter qu’une catastrophe soit provoquée par un seul pays ».

La Chine suggère à Washington de réduire ses dépenses militaires et sociales.

« Le gouvernement américain doit se résigner à un état de fait douloureux: le bon vieux temps où il n’avait qu’à emprunter pour se tirer du pétrin qu’il avait lui-même créé est terminé », écrit l’agence officielle.

 


Nos portefeuilles

Nous anticipons ce mouvement depuis de nombreuses années maintenant. Néanmoins, assurément, les réactions des marchés, dès lundi, seront relativement imprévisibles, en particulier sur le front des devises (USD/EUR), avec sans doute, à court terme, des effets contradictoires : une hausse du dollar US (valeur refuge par excellence encore aujourd’hui !) n’est en effet pas exclue, ni son contraire d’ailleurs.

Pour nous, nous avons déjà considérablement renforcé notre exposition aux nouveaux actifs sûrs : les devises et les obligations des pays émergents qui gèrent leur inflation… Ces actifs seront, à notre avis, les grands gagnants à moyen terme de la dégradation des finances publiques des pays développés. Et cela fait plus de deux ans que nous observons l’émergence de ce nouveau marché, très méconnu encore à ce jour.

Pourquoi ces titres seront les grands gagnants ? Et bien, c’est l’effet de la grande alternance économique mondiale, et du transfert progressif, non seulement des foyers de croissances, mais également de la crédibilité financière, des pays développés vers les pays émergents les mieux gérés.

Ensuite, parce que les pays émergents, qui disposent de très importantes réserves de changes (3200 Milliards USD pour la seule banque centrale chinoise), principalement investis encore en dollar US (quoique des surprises ne soient pas à exclure…), ces pays émergents vont dorénavant chercher précisément là, dans les obligations émergentes, de quoi sécuriser et investir leurs actifs comme leur reste du monde d’ailleurs…

En effet, les obligations émergentes ne sont-elles pas un investissement « royal » ? Des devises qui s’apprécient, à la fois face au dollar et à l’euro ; des taux d’intérêts très élevés (contrairement à nos pays développés) ; et vous le verrez, des taux d’intérêts qui vont commencer à baisser, du fait du fort ralentissement économique que connaissent en ce moment les pays émergents ; et un risque de défaut très largement sur-estimé par les marchés et les agences de notation. What else ?

À l’inverse, les obligations de pays développés, et américaines en premier lieu, sont dans la situation suivante : des devises qui sont destinées durablement à se déprécier, en raison de la faible croissance et de l’endettement très élevé des pays développés ; des taux d’intérêts artificiellement bas (planche à billet oblige) ; des risques de défaut encore largement sous-estimés ; et des taux d’intérêts qui vont monter fatalement, non pas à cause de l’inflation, mais pour inclure une prime de risque de crédit…

D’ailleurs, la banque centrale chinoise, première détentrice de réserve de change, a annoncé ce matin, en termes sybillins qu’elle allait se reporter sur ces actifs ! Voici en effet la suite de la dépêche de ce matin (voyez l’énigme de la dernière phrase…) :

« Les économistes chinois estiment que la dégradation de la note américaine pose un risque important pour les marchés financiers et s’attendent à ce que la Chine, qui détient plus de 1.000 milliards de dollars de dette américaine, accélère la diversification de ses actifs.

«Ce sera le chaos sur les marchés financiers internationaux au moins à court terme. L’impact le plus direct pour la Chine concernera ses réserves. La valeur des investissements en dollar de la Chine va chuter », dit Li Jie, directeur d’institut à l’Université centrale de la finance et de l’économie. « La Chine va devoir envisager d’autres investissements. Les bons du Trésor américain ne sont plus sûrs. Il y a sur les marchés des types d’actifs plus risqués que les (obligations) AAA, mais moins risqués que les AA+. La Chine n’y pensait pas auparavant mais va devoir le faire» ajoute-t-il.

À bon entendeur…

 


Notre stratégie

Aussi, non seulement pour passer l’orage à venir, mais toujours également en investisseur de long terme, nous allons renforcer encore, dès lundi, nos positions en obligations émergentes, déjà très importantes à ce jour, en devises locales.

Nous préférons pour l’instant les titres à très courtes maturités : en effet, si les USA décident de refaire tourner la planche à billets (QE3…), l’inflation sur les matières premières ré-apparaîtra (dans un contexte récessioniste…), et ceci risque de contraindre à nouveau les banques centrales des pays émergents à augmenter leur taux d’intérêts. Les titres à courtes maturité nous permettrons de nous protéger de ce risque.

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