La révolution énergétique

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Le premier trimestre 2011 a été le théâtre de nombreux évènements, qui ont modifiés la dynamique dans laquelle les marchés s’inscrivaient depuis deux ans environ.

En effet, les révolutions arabes, la hausse continue du prix du pétrole, la catastrophe japonaise, la hausse brutale de l’euro malgré la crise de la dette d’Etat portugaise, le rapatriement important de fonds investis sur les nouveaux pays émergents vers les places boursières européennes, le blocage du budget de l’Etat américain, et, au milieu de tout ceci, l’impressions de 105 milliards d’USD par mois par la Banque Centrale Américaine qui se déversent sur les marchés des pays développés, nous ont amené à revoir certains de nos axes stratégiques d’investissements.

Comme vous le savez, la Banque centrale américaine imprimera, jusqu’au mois de juin 2011, 105 milliards de dollars par mois afin de les prêter à l’Etat américain, en mal de prêteurs « volontaires ». Cet argent, signe d’une hausse des taux long d’emprunt des Etats des pays développés, vient se déverser sur les marchés actions – de préférence sur ceux des pays développés et sur les matières premières.

En outre, à ces sommes considérables, se rajoutent les fonds issus des ventes d’obligations d’Etats, par des opérateurs avisés qui ne souhaitent plus porter ces titres.

Voici une part de l’explication de l’exceptionnelle résistance des marchés actions au flux de nouvelles préoccupantes en ce début d’année.

 


Des politiques monétaires contrastées

Les pays développés (USA, Europe, Japon) connaissent une croissance encore faible, trop faible en tous cas pour espérer une reprise vigoureuse de l’emploi. Aussi, ces zones, dans leur ensemble, adoptent plutôt des politiques monétaires accommodantes (création monétaire et politique de taux d’intérêts exceptionnellement bas).

A l’inverse des pays émergents : ces derniers, très faiblement endettés, sont en effet confrontés à une croissance économique très forte, qui amène leurs banques centrales à des politiques monétaires restrictives, pour éviter une éventuelle « surchauffe » (si seulement nous pouvions avoir ces problèmes chez nous…).

Ceci, globalement, n’est pas modifié depuis deux ans, et explique que les fonds issus de la création monétaire de la Banque Centrale Américaine et de la vente d’obligations d’Etats se reportent plutôt vers les pays développés, c’est-à-dire vers ceux qui ont une politique monétaire accommodante.

 


Le cas de l’Europe

La catastrophe de Fukushima et du tsunami dans le nord du Japon contraint plus encore à l’avenir le Japon à une politique monétaire très accommodante ; les USA continuent de faire le choix de ne pas traiter leur considérable dette d’Etat avant le retour du plein emploi. Il ne reste donc que l’Europe, dans les zones développées, pour relever ses taux d’intérêts pour la première fois depuis le début de la crise, et adopter une politique monétaire plus restrictive !

En outre, les marchés d’actions européennes, qui restent particulièrement vulnérables à la crise des dettes d’Etats, continuent néanmoins d’être très sous-évalués (en particulier en France).

Ainsi, 1) la très forte hausse de l’euro devrait se poursuivre, peut-être jusqu’à 1,50USD… Les fonds issus de la création monétaire américaine recherchent en effet des rendements de court terme plus importants (hausse des taux)

2) la revalorisation des actions, en particuliers celle des sociétés qui seront capables d’imputer sur leur prix de vente, la hausse des matières premières, devrait également se poursuivre.

Nous avons donc augmenté sensiblement notre exposition à l’euro, quasi-nulle jusqu’ici, pour la partie sécurisée de nos portefeuilles.

ainsi qu’aux actions défensives européennes : ces dernières n’ont pas profité du rebond des deux dernières années, offrent des dividendes allant jusqu’à 10% (France Telecom), et constituent une alternative relativement peu risquée pour les détenteurs d’emprunts d’Etats de pays développés, qui ne souhaitent plus conserver ces titres. Ces titres à forts rendements seront recherchés cette année.

Nous continuons à ne pas détenir d’obligation d’Etat de pays développés endettés (USA, Europe, Japon) : cette classe d’actif est actuellement sous haute pression, et leurs taux d’intérêts artificiellement bas ne rémunèrent pas le risque élevé qu’elle présente.

Les sociétés de gestion que nous avons sélectionnées pour cette partie de nos portefeuilles : Financière de l’Echiquier, DNCA Finance, Lazard Frères, Monéta, Rothschild (nous surlignons les nouveaux entrants au sein de notre sélection de gérants).

 


Hausse des matières premières : vers un choc énergétique ?

La forte hausse du pétrole en particulier, et des matières premières agricoles, est-elle structurelle, ou bien de court terme ?

Les deux ! A ce niveau d’intensité, nous pouvons penser qu’elle est de relativement court terme. En effet, les révolutions arabes et les craintes qu’elles engendrent sur l’approvisionnement de pétrole, poussent leurs prix à des niveaux qui deviennent préoccupant pour la croissance de la planète.

La hausse des prix des matières premières est néanmoins structurelle, du fait de l’entrée dans la consommation des pays émergents (Brésil, Chine, Inde, Russie) : même à coté d’une faible croissance économique des pays développés, cette consommation additionnelle augmente considérablement la pression de l’offre sur la demande, et pousse donc structurellement les prix à la hausse…

Enfin, la réduction, un peu partout dans le monde (et jusqu’en Chine !), des programmes d’installation de centrales nucléaires, suite à la catastrophe de Fukushima, augmente considérablement la pression sur les prix du pétrole et du gaz – nécessaires immédiatement à la production d’électricité, dont le Japon en particulier, et la planète en générale, continuent d’avoir besoin.

En l’absence de solution d’énergies renouvelables « rentables sans subventions », les hausses du prix du pétrole et du gaz sont les premières conséquences d’une prise de conscience écologique mondiale…et cette hausse pénalise en premier lieu les pays fragiles. A bon entendeur…

 


Face à l’inflation des matières premières… la monnaie !

La hausse des matières premières provoque un regain de tensions inflationnistes au niveau mondial : leur hausse augmente les coûts de production des entreprises, et amène ces dernières à tenter d’augmenter leurs prix de vente finaux…ce qui provoque de l’inflation !

Il s’agit d’une inflation bien différente de celle des années 70 : celle-ci ne s’accompagne pas, dans les pays développés du moins, d’une hausse du pouvoir d’achat des ménages. Elle constitue donc un frein potentiel à la croissance économique des pays développés.

Fac à cette inflation importée, la réaction des pays qui importent leurs matières premières devra être d’augmenter la valeur de leurs devises : c’est déjà le cas de la majorité des pays émergents, en pleine santé économique ; c’est aussi le cas exceptionnel de l’Europe, malgré la récession aggravée des pays d’Europe du Sud notamment (hausse de taux directeur de la BCE).

Nous investissons sur les actions des pays producteurs de matières premières, peu endettés, en devises locales, afin de profiter de ce mouvement structurel (Suède, Russie, Brésil en particulier).

Les sociétés de gestion que nous avons sélectionnées pour cette partie de nos portefeuilles : Lazard Frères, East Capital, Templeton, Carmignac Gestion.

 


Les pays émergents : la correction s’achève !

Enfin, axe central de nos portefeuilles depuis deux ans, les marchés émergents ont semble-t-il achevé la correction qu’ils ont subie depuis le début d’année…pour de mauvaises raisons !

La création monétaire de la Fed a provoqué une revalorisation des actions des marchés des pays développés, et un retrait massif des capitaux investis dans les pays émergents. Cette rotation de portefeuille, dont nos portefeuilles ont souffert depuis le début d’année, a enfin pris fin il y a une dizaine de jours.

Pour la première fois depuis 1996, les actions des pays émergents ont sous-performés les marchés des pays développés, et sont aujourd’hui à des prix qui nous semblent particulièrement bas.

Nous avons ré-investis, en mandats patrimoniaux, sur les titres liés à la consommation intérieure des pays émergents, en retrouvant notre thématique favorite. Néanmoins, le choix de nos sociétés de gestion sur ce segment demeurera moins « risquée » que pendant l’année dernière, tant que la hausse de l’euro durera.

Les sociétés de gestion que nous avons sélectionnées pour cette partie de nos portefeuilles sont : East Capital, Templeton, Carmignac Gestion.

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