Vers un printemps cyclique ?

Vers un printemps cyclique ?


Le mois de mars a été marqué par l’amplification de la tendance haussière des grands indices à travers un élargissement du nombre de secteurs et de titres au momentum haussier et la confirmation d’une rotation vers les valeurs financières et cycliques au détriment des valeurs technologiques en phase d’essoufflement.

 

Macro-économie 

Les rendements obligataires sont restés relativement stables des deux côtés de l’Atlantique avec un rendement à 10 ans US autour des 4.30% et une OAT à 10 ans à 2.85%. D’un point de vue de la politique monétaire, la Banque Centrale Suisse a provoqué la surprise et montré la voie en baissant ses taux directeurs de 25 bp (points de base), ce qui a conduit à un raffermissement du dollar US par rapport à l’Euro, effet plutôt défavorable aux grandes sociétés américaines fortement exportatrices.

En effet, le ralentissement de l’inflation semble plus rapide en Europe ce qui, conjugué à la faible croissance économique, pourrait conduire la BCE à baisser ses taux avant la FED, et au plus tard au mois de juin. La Banque Centrale Japonaise (BoJ) a également augmenté ses taux de 10 bp, ce qui a eu pour effet de provoquer une nouvelle baisse du Yen -un mouvement assez modeste et qui devrait rester isolé-, et la poursuite de la progression du Nikkei225.

Aux Etats-Unis, la croissance économique reste forte avec une perspective 2024 revue à la hausse à 2% (contre 1.5% précédemment), des créations d’emplois toujours importantes (275 000 au titre de février) et une inflation qui a légèrement rebondi à 2.5% si l’on prend en compte le PCE, indicateur préféré par la FED pour suivre l’évolution des prix aux US.

La FED a maintenu sa prévision de 3 baisses de taux en 2024, mais le consensus à propos d’une première baisse de 25 bp au mois de juin est fragile (60%) du fait des incertitudes sur la trajectoire de l’inflation. En effet les conditions financières s’améliorent fortement avec la hausse des marchés, la consommation demeure très forte en raison du plein-emploi, d’autant que les matières premières industrielles (cuivre) et d’énergie (pétrole) repartent à la hausse, élément accélérateur pour une reprise d’une progression de l’inflation.

Le régime de volatilité est resté modéré au mois de mars aux Etats-Unis et en Europe, mais la sensibilité aux données macro-économiques pourrait augmenter si le doute s’installe sur le calendrier du pivot des banques centrales.

La hausse des marchés actions est catalysée en Europe par les valeurs financières -en particulier bancaires- et industrielles. En effet les indicateurs économiques avancés (PMI) sont positifs et indiquent une reprise progressive de la croissance. Dans ces conditions les banques devraient maintenir un coût du risque faible tandis que leurs marges bénéficient de taux longs relativement élevés, en particulier en Espagne et en Italie (dans ces pays la plupart des emprunts sont à taux variables, les banques peuvent donc répercuter immédiatement la hausse des taux). Le secteur bancaire européen est au plus haut depuis 15 ans et se présente comme l’un des principaux secteurs bénéficiaires d’une reflation modérée.

Aux Etats-Unis, le secteur de la Construction reste très dynamique grâce au plan d’infrastructure de l’administration Biden, ainsi que les services financiers qui ont bénéficié du lancement réussi des ETF Bitcoin. Les valeurs d’Assurance continuent de profiter des rendements obligataires relativement élevés, tandis que les banques américaines se redressent progressivement.

Le moteur principal des marchés américains des derniers mois, l’Intelligence Artificielle (IA) et le secteur des Semiconducteurs semblent marquer une pause avant les résultats du premier trimestre qui débuteront à la mi-avril. Pour autant, la trajectoire de moyen/long terme sur ces thématiques demeure très haussière.

 

Les marchés par grandes régions

Le moteur géographique des marchés reste concentré sur les Etats-Unis, le Japon et l’Europe. La tendance moyen/long terme est haussière sur ces 3 zones.

Le Nasdaq, indice US des valeurs technologiques, est en légère perte de vitesse en mars après plusieurs mois de forte hausse liée à la thématique IA et aux Semiconducteurs. La tendance demeure bien orientée sur le S&P500, soutenu par la Construction (plan Biden) et les valeurs financières.

Au Japon, la hausse de l’indice Nikkei, qui a battu des records historiques de plus de 30 ans (décembre 1989), est liée aux valeurs bancaires et industrielles qui bénéficient de la baisse du Yen et de la reflation en cours, éléments de contexte qui pourrait enfin permettre au Japon de sortir de plusieurs décennies de déflation.

En Europe, les faibles valorisations de l’indice Stoxx600, les perspectives de baisse des taux par la BCE à brève échéance, la baisse de l’inflation liée à la chute des prix du gaz et l’amélioration des PMI (indicateurs économiques avancés) constituent une convergence de catalyseurs positifs et donc de moteurs haussiers pour les marchés.

En ce qui concerne les pays émergents, l’indice Chinois reste en tendance baissière affirmée à moyen/long terme depuis mai 2021. L’amélioration récente des PMI a provoqué un léger rebond, mais on est encore loin d’un renversement haussier de moyen terme pour cette économie. Les problèmes chinois restent structurellement liés à un endettement élevé, une bulle immobilière et un système bancaire très affaibli, ainsi qu’une chute des investissements occidentaux liée à la politique de Xi Ping. Le découplage entre les Etats-Unis et la Chine semble durable, et un retour à la croissance pré-Covid-19 peu probable.

En revanche l’Inde s’affirme comme la nouveau « hub » industriel qui concentre une forte partie des investissements occidentaux.

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